Exit l’ancien président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad, le modéré Ali Larijani ainsi que l’ancien vice-président réformateur Eshagh Jahanguiri : sur les 80 personnes à avoir déposé leur candidature à l’élection présidentielle anticipée iranienne, seules six ont été validées par le Conseil des gardiens de la Constitution. Qui sont-elles ?
1. Mohammad Bagher Ghalibaf
Né en 1961, Mohammad Bagher Ghalibaf est un général du Corps des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du régime islamique. À 21 ans, il commande une brigade des gardiens. L’année suivante, où commence la guerre entre l’Iran et l’Irak, il est nommé à la tête d’une division, avant de prendre le commandement de l’armée de l’air du Corps des Gardiens. Après les émeutes de 1999, il devient commandant des forces de l’ordre et est chargé de la contrebande.
Maire de Téhéran pendant douze ans de 2005 à 2017, il est accusé, notamment par ses successeurs à la tête de la mairie de Téhéran, d’avoir dilapidé les ressources de la municipalité et de les avoir utilisées pour sa campagne présidentielle. Il est aussi accusé d’avoir contracté des dettes démesurées, trois fois plus que le budget de la municipalité.
Mohammad Bagher Ghalibaf est président du Parlement iranien depuis 2020. Il s’est présenté trois fois à l’élection présidentielle, en vain. En 2005 et en 2013, il est mis en échec. En 2017, il s’est retiré à la dernière minute en faveur de Ebrahim Raïssi.
2. Amir-Hossein Ghazizadeh Hashemi
Vice-président de la République et directeur de la Fondation des martyrs et des vétérans de la guerre, Amir-Hossein Ghazizadeh Hashemi, 53 ans, est un conservateur. Médecin de métier, il a été député de 2008 à 2021.
Déjà candidat à l’élection présidentielle de 2021 où il est arrivé quatrième, Amir-Hossein Ghazizadeh Hashemi s’était dit ouvert à la discussion avec Joe Biden sur le nucléaire iranien. Pour lui, le guide suprême avait donné une opportunité extraordinaire de négocier avec les États-Unis, mais le gouvernement de Rohani aurait gâché cette occasion. Selon Tehran Times, il souhaiterait faire campagne sur le thème de la famille.
3. Said Jalili
Âgé de 58 ans, Said Jalili est membre, depuis 2013, du Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime, qui arbitre les litiges entre l’Assemblée et le Conseil des Gardiens. Said Jalili est un conservateur proche du guide suprême dont il est le représentant au sein du Conseil suprême de sécurité nationale. Il a été le négociateur en chef de l’accord nucléaire en 2007.
Il s’est déjà présenté plusieurs fois à l’élection présidentielle iranienne. Il est arrivé troisième lors de celle de 2013. Également candidat à l’élection de 2021, il s’est retiré à la faveur d’Ebrahim Raïssi. Il était considéré par certains médias iraniens comme l’homme de l’ombre de l’administration Raïssi.
4. Masoud Pezeshkian
Masoud Pezeshkian est âgé de 69 ans. Ce chirurgien de métier a été le ministre de la Santé du président Mohammad Khatami de 2001 à 2005. Député depuis 2008, il est le seul candidat proche des « réformateurs » dont la candidature a été validée par le Conseil des gardiens de la Constitution. Pourtant, pour avoir une chance de gagner, Masoud Pezeshkian devra d’abord réussir à convaincre le camp réformiste de le soutenir.
Il a d’ailleurs affirmé, au moment de dépôt sa candidature le 3 juin dernier, qu’il se présentait pour « augmenter le taux de participation ».
5. Mostafa Pourmohammadi
Ce clerc âgé de 65 ans est un pur produit de la République islamique. Il a été procureur de la Cour révolutionnaire dans différentes provinces du pays dès le début de la Révolution iranienne en 1979, puis vice-ministre du Renseignement sous Hachemi Rafsandjani en 1987.
Membre de la commission surnommée « Commission de la mort », Mostafa Pourmohammadi a participé à l’exécution de plusieurs milliers de prisonniers politiques à l’été 1988. Il est accusé par l’ONG Human Rights Watch d’avoir commis de graves violations des droits humains impliquant des crimes contre l’humanité.
Il serait également impliqué dans l’assassinat de dissidents à l’étranger dans les années 1990 alors qu’il était directeur des opérations de renseignements extérieurs au sein du ministère des Renseignements.
Ministre de l’Intérieur de 2005 à 2008 sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad, il aurait révélé, une fois écarté du poste, plusieurs affaires de corruption, dont une touchait directement les proches de l’ancien président ultra-conservateur. En 2013, sous Hassan Rohani, il est nommé ministre de la Justice, poste qu’il occupera jusqu’en 2017.
En 2001, il est nommé chef de la division politique et sociale du bureau du guide suprême. Il a été disqualifié par le Conseil des Gardiens en janvier 2024 alors qu’il était candidat à l’élection de l’Assemblée des experts, l’organe chargé notamment de choisir le successeur du guide suprême.
6. Alireza Zakani
Actuellement maire de Téhéran, l’ultra-conservateur Alireza Zakani est né en 1965. Il est membre des Bassidjis, la force paramilitaire iranienne.
Il aurait participé à la répression des étudiants lors des révoltes de 1999 et a été surnommé « le boucher de Téhéran » à la suite de la répression des manifestants descendus dans les rues de la capitale à la suite de la mort de Mahsa Amini en septembre 2022.
Il a fait quatre mandats en tant que député de 2004 à 2016, puis de 2020 à 2021. Plusieurs fois candidat à la présidentielle, il a été disqualifié deux fois par le Conseil des gardiens de la Constitution en 2013 et 2017. En 2021, il s’est retiré à la faveur d’Ebrahim Raïssi, avant de devenir maire. Il est accusé de corruption dans plusieurs affaires, notamment par le « Comité de transparence du conseil municipal de Téhéran », sans être inquiété. Alireza Zakani était aussi conseiller du président disparu Raïssi.
Cinq candidats très conservateurs, un seul candidat proche des réformateurs sans pour autant être leur représentant, le Conseil des gardiens de la Constitution iranienne semble vouloir conserver la ligne politique conservatrice en place depuis l’élection de Ebrahim Raïssi en 2017 et éviter ainsi toute surprise.