Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU viennent d’adopter un projet de résolution américaine soutenant ce plan de cessez-le-feu dans l’enclave. Le texte a recueilli 14 voix pour, la Russie, s’est abstenue. Le Hamas « salue » l’adoption du plan de trêve par le Conseil de sécurité de l’ONU.
La communauté internationale salue la proposition de trêve annoncée le 31 mai par Joe Biden, relate notre correspondante à New York, Carrie Nooten. La communauté internationale appelle aussi Israël et le Hamas à appliquer pleinement ses termes sans délai et sans condition. Donc, c’est un cessez-le-feu immédiat.
C’est un changement de paradigme côté américain, Washington a pour une fois balisé le terrain d’Antony Blinken en tournée en ce moment au Moyen-Orient. Il a rencontré le Premier ministre Benyamin Netanyahu et doit s’entretenir ce mardi avec les chefs de l’opposition israélienne.
Convaincre les Israéliens d’accepter le plan
« Soyons clairs, seuls les Américains disposent des leviers nécessaires pour contraindre l’État hébreu à mettre un terme à la guerre à Gaza », a confié une source diplomatique à notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Le principal levier, c’est celui l’armement. D’une main, Washington brandit régulièrement la menace de cesser ses livraisons d’armes aux Israéliens, si les massacres contre les civils gazaouis se poursuivent. De l’autre, dans les faits, les livraisons d’armes n’ont jamais cessé.
La Maison Blanche tente également de faire bonne figure, de sauver la face. Elle répète depuis des jours que le plan de cessez-le-feu actuellement négocié est un plan israélien. La résolution américaine, adoptée lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU, aurait été proposé sur cette base. Mais la réalité, c’est que les Israéliens refusent d’endosser ce plan. Et si le secrétaire d’État américain est en Israël, c’est justement pour convaincre les dirigeants de l’État hébreu de l’accepter.
Le Hamas a immédiatement réagi. Le mouvement palestinien « salue l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité […] et souhaite réaffirmer sa volonté de coopérer avec les frères médiateurs pour entamer des négociations indirectes concernant la mise en œuvre de ces principes. » Le président palestinien Mahmoud Abbas salue également le vote du Conseil de sécurité de l’ONU sur le plan de trêve.
Une résolution en trois phases
C’est la première fois en près de neuf mois que le Conseil de sécurité est arrivé presque à un consensus pour un cessez-le-feu immédiat qui est destiné à être durable, puisque la proposition de Joe Biden se décline en trois phases détaillées dans la résolution, avec une libération des otages et des prisonniers palestiniens et une demande explicite que le cessez-le-feu soit maintenu même si les négociations auront encore cours d’ici à six semaines.
À noter aussi que la résolution demande à ce qu’aucun changement territorial de la bande de Gaza n’ait lieu et réclame aussi le retour des Gazaouis au nord de Gaza d’ici à six semaines. Et c’est une lueur d’espoir pour les Palestiniens. C’est ce qu’a déclaré l’ambassadeur algérien.
Ce ne sont que des grandes lignes, peu de monde connaît vraiment les détails de l’accord, ce qui a rendu cette approbation du Conseil ici un peu acrobatique – mais les diplomates ne voulaient pas manquer cette occasion. Quatorze voix pour, on n’a jamais vu le Conseil aussi uni sur le dossier depuis le 7 octobre 2023, Moscou n’a pas osé mettre son veto finalement, ça n’aurait pas été un très bon coup politiquement.
Une conférence pour l’aide humanitaire à Gaza
À l’invitation du roi Abdallah II de Jordanie, du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et du secrétaire général des Nations Unies António Guterres, une conférence internationale se tient dans le même temps ce mardi en Jordanie. Intitulée « Réponse humanitaire d’urgence à la population de Gaza », cette conférence réunit des chefs d’organisations humanitaires et d’aide internationalen, mais également 15 dirigeants arabes et occidentaux, notamment le président français Emmanuel Macron, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le président palestinien Mahmoud Abbas, le président turc Recep Tayyip Erdogan, ainsi que les présidents des Émirats arabes unis et du Qatar. Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken et le Premier ministre britannique Rishi Sunak devraient également y assister, rapporte notre correspondant à Aman, Mohamed Errani.
Cette conférence intervient dans un contexte de guerre en cours dans la bande de Gaza qui a causé la mort de dizaines de milliers de personnes et conduit à une catastrophe humanitaire pour plus de deux millions trois cent mille Palestiniens dans diverses régions de la bande, souffrant de famine et de difficultés d’accès à la nourriture, à l’eau, au logement et aux médicaments, en plus des souffrances psychologiques et des destructions massives qui y règnent.
RFI a pu se procurer l’ordre du jour de la conférence qui comprend cinq points principaux, divisés en deux parties. La première est politique et sécuritaire et consiste à discuter d’un cessez-le-feu et de mettre fin à la guerre en cours dans la bande de Gaza de peur que cela ne dégénère en guerre régionale.
La deuxième partie concerne le volet humanitaire, lié au mécanisme de livraison de nourriture et d’aide d’urgence aux résidents de la bande de Gaza. Cette partie comprend l’examen du volume d’aide nécessaire à apporter quotidiennement, le mécanisme d’entrée de l’aide depuis la Jordanie via les points de passage de Beit Hanoun et Kerem Abu Salem, ainsi que la méthode de distribution de l’aide dans l’enclave palestinienne.